lundi 9 avril 2012

La Gourmandise - Chapitre 2

Nous voilà donc en train de nous observer et nous nous surprenons, comme dans l’exemple précédent, en flagrant délit de péché de gourmandise d’attention. Nous sentons que nous en sommes friands, que cela comble une faim. Sauf que le repas terminé, la faim va nous tenailler de nouveau et il va nous falloir retrouver à manger, c’est à dire retrouver une personne qui sera attentive à nos propos.
 
Alors? Qu’en est-il de cette faim insatiable? Quelle est sa source? Car après tout, tout le monde ne semble pas friand de ce type de nourriture. Finalement la question qui se pose est “quelle part de moi suis-je en train de chercher à remplir?”, “quelle part réclame de l’attention?”.

Et c’est ainsi que notre péché va nous ramener à l’intérieur de nous pour découvrir vraisemblablement un petit enfant qui réclame de l’attention mais ne l’obtient pas.
 
Que faire?
 
Et bien il ne nous reste plus qu’à utiliser un nouvel outil, un outil pour réparer ce qui nous est révélé : prendre ce petit enfant et lui parler, dialoguer avec lui et comprendre ce qu’il demande et le lui donner, tout simplement.
 
Nous avons en nous un enfant blessé qui réclame notre attention. Caché dans notre inconscient, il agit à travers nous et c’est au travers de nos actes quotidiens qu’il nous parle. Notre péché de gourmandise est sa façon de nous parler, sa façon de nous dire : j’ai besoin d’attention.
 
Simple, non? Et non culpabilisant. Car voir la faute c’est voir la blessure. Soignons nos blessures et nous cesserons de pécher.
 
Nous pourrions penser que c’est trop simple, et pourtant…
 
Amusons-nous avec le péché de gourmandise tel qu’il est connu pour la plupart d’entre nous : la nourriture.
 
Au départ, la nourriture est le lien privilégié de l’enfant à sa mère. Elle commence à le nourrir pendant la gestation et dès sa naissance elle continue avec le sein. Mais pas seulement cette nourriture-là, car elle va aussi le nourrir avec ses émotions, ses pensées, ses humeurs, ses sentiments, son amour. Ainsi il y a fort à parier que la personne qui mange trop a encore besoin de sa mère, a encore des besoins que sa mère n’a pas su, ou pu, combler.
 
En grandissant l’enfant, qui était nourri presque exclusivement par la mère, va peu à peu être aussi nourri par le père. Il va commencer par prendre une nourriture qui ne passe plus exclusivement par la mère pour découvrir un monde gustatif beaucoup plus varié : ce que le père apporte à la maison. Car, fondamentalement, la mère, Yin est reliée à l’intérieur, et le père Yang, à l’extérieur. Notre société a dévoyé ces valeurs fondamentales car l’excès de Yang a généré une sorte de révolte du Yin qui, au lieu de chercher à redonner de l’éclat à ses valeurs, cherche à copier le Yang.
 
Ce sujet mériterait un développement plus long. Nous pouvons cependant en dire ceci, puisque le sujet de ce billet nous le propose : le Yang dans notre société s’est nourri du Yin, a péché par gourmandise au détriment du Yin. Le plateau de la balance penche, l’équilibre est rompu, et la justice bafouée. Peut-être saisissons-nous mieux maintenant pourquoi le péché de gourmandise est lié à l’équilibre et à la justice? (Tiens, au fait, sachant tout cela, voyez-vous maintenant pourquoi la justice est représentée aveugle, tenant une balance?)
 
Les parents apportent-t-il à leur enfant une nourriture équilibrée? Donnent-il à leur enfant ce qui lui est nécessaire pour grandir de façon harmonieuse, confiante, avec amour, avec la conscience que cette nourriture est une part importante de l’équilibre de leur enfant?
 
Quels types d’informations nos pères apportaient-ils à la maison? De quoi nos parents nous nourrissaient-ils?
 
Si l’enfant en nous n’a pas reçu une nourriture satisfaisante, il va la rechercher, une fois adulte, en mangeant, trop, et pas forcément de la bonne manière. De toute façon cette faim réapparaitra car le vrai besoin n’est pas comblé.
 
L’enfant en nous qui réclame à manger, réclame quelque chose à ses parents. Il réclame des parents qui combleront ses besoins, qui le nourriront de façon satisfaisante, aimante.
 
Alors, avons-nous été bien nourris pendant notre gestation et notre enfance?
 
Pour le savoir il nous suffit de nous regarder nous nourrir dans tous les domaines de la vie. Et pour chaque domaine où nous nous surprenons en flagrant délit de gourmandise, il y a un besoin auquel il n’a pas été répondu.
 
La question qui va être soulevée ici, nous l’entendons déjà: besoin ou envie, comment faire la différence?
 

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