Reprenons notre petite étude de la luxure à partir de l’exemple
d’une recherche de plaisirs sexuels puisque c’est l’image la plus forte
de ce péché.
La sexualité chez l’enfant se développe assez tard, vers
l’adolescence. Avant cette période il s’agit plutôt de sensualité, c’est
à dire du plaisir que lui procurent ses sens : odeurs, goûts,
touchers, images, sons. L’enfant explore avec plaisir ou déplaisir,
les sensations que lui procurent ses sens, son corps.
Lorsque ses sens lui procurent du plaisir il aura tendance à vouloir
renouveler l’expérience. Ceci dit, s’il prend suffisamment de plaisir
dans son quotidien, il ne cherchera pas à compenser en
multipliant l’activation du ressort d’un plaisir particulier.
La sexualité, même si ce qui est dit là peut paraître désuet, est
avant tout un acte sacré. Ceci avait été compris dans les traditions
hindoues qui avaient mis en place le Tantra, dont nous est
parvenu un modèle bien déformé de l’original. Or, qui parmi nous a
eu une éducation sur l’aspect essentiel et sacré de l’acte sexuel?
Les seuls cours que nous avons probablement reçus se limitaient à
des cours d’anatomie et de physiologie, complétés plus ou moins par le
discours des copains et des copines, quelque fois des
parents, tous ces discours étant de toute façon empreints du
conditionnement de la société dans laquelle nous baignons, en général.
Le résultat est qu’à l’heure actuelle, dans notre société,
l’acte sexuel est un objet de plaisir, de commerce avant d’être un
acte d’amour, et surtout un acte sacré.
Or, le caractère vénal de la chose s’appuie sur une donnée
d’importance : la notion de plaisir, du plaisir sexuel. Voilà un domaine
où le plaisir prend une telle importance que, au diable les
retenues, il inonde notre vie sous toutes les formes possibles. Il
n’y a qu’à se pencher sur le ressorts qu’utilisent les publicitaires
pour voir qu’ils ont bien compris ce qui titille
facilement, consciemment ou inconsciemment, le quidam “ordinaire”.
Et si le quidam ordinaire est en quête de plaisir et bien c’est tout
simplement parce qu’il est en pleine insatisfaction.
En ayant perdu, ou jamais eu, le sentiment de plaisir inhérent aux
actes et évènements de son quotidien, l’individu éprouve insatisfaction
sur insatisfaction et il est alors facile de lui vendre
du plaisir, du faux cette fois-ci, bien plus cher que le plaisir
qu’il peut éprouver à simplement se promener dans la campagne par un
joli temps. D’ailleurs il sera facile de lui en revendre car
ce plaisir ne pouvant réellement le satisfaire, la demande sera
toujours là.
Bref, ayant perdu le goût subtil des aliments il va falloir rajouter
de la moutarde, du piment, de la mayonnaise, etc… pour donner
l’impression que ce qui est proposé a du goût.
La luxure est en quelque sorte le piment d’une vie qui a perdu son goût subtil.
Et si nous regardons bien, le sexe n’est pas le seul concerné, il en
va de même du travail, des possessions matérielles, de l’apparence, de
tout ce luxe qui appâte tous ceux qui cherchent à
combler leur insatisfaction. Car en fait “luxe” désigne aussi une
surabondance, une profusion et donc un déséquilibre.
Plutôt que de plonger dans cette course au plaisir semblable au
tonneau des Danaïdes, revenons donc vers nous et regardons notre
insatisfaction, nos insatisfactions, car il y a souvent plusieurs
domaines en nous qui se sentent insatisfaits.
Regardons donc ces parts insatisfaites et donnons-leur ce qu’elles
demandent. Que ce soit le plaisir de jouer dont nous avons été frustrés
enfants, que ce soit celui de ne rien faire, que ce soit
celui de rêver, tous ces petits plaisirs qui nourrissaient notre âme
d’enfant, donnons-les à notre enfant intérieur.
Les plaisirs de l’enfant sont simples. Il nous sera facile de les combler.
Bref, soyons de bons parents pour nous-mêmes.
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